Une promenade révolutionnaire

   En arrivant au Théâtre Romain, je n’aurais jamais imaginé que ce lieu fût à ce point décisif et marquant dans ma destinée.

   C’était en 1789, en juin exactement, cette funeste année qui fut la dernière d’une décennie marquée par une famine et poussa le Peuple de France à commettre le comble de l’horreur : une Révolution ! ! !

   Je me promenais dans ce lieu impie parce que païen, qui allait devenir sacré puisqu’il était le symbole d’une république déchue : la république romaine.
« Respublica Romana, en latin », pensais-je. Comme toutes les filles de bourgeois instruites, j’avais appris, entre autre, le latin.

   D’ailleurs, songeais-je, où était mon père en ce moment ? Il s’était absenté en raison de son travail, mais que faisait-il exactement ? Il était peut-être espion? Pour quelles raisons rentrait-il toujours si tard la nuit ? C’était étrange !!!

   J’aimais me promener dans ce théâtre en ruine. C’était un lieu frais, calme et agréable…

   Soudain, j’entendis du bruit, je me retournai et m’aperçus que cela provenait d’un trou discret qui menait sous la scène, vers les anciennes coulisses.

   Curieuse, je m’approchai en soulevant ma robe de soie pour ne pas la salir et en remontant mes gants de dentelle que je ne quittais pas, de peur que le soleil ne colore mes mains.

   Le bruit provenait de voix, au sous-sol. Je descendis. Je découvris que c’étaient des hommes qui parlaient.

   Soudain, on me plaque une main sur la bouche.

   Il y avait un guetteur!!! Je ne l’avais pas vu, caché dans le noir. Il m’amène dans la salle où s’étaient réunis les hommes. C’étaient des gens du peuple, à la peau tannée et aux mains usées.

   L’un d’eux cria:
« - C’est une espionne! »
Un autre le calma :
«- Calme toi, après tout c’est peut-être une nouvelle recrue. Alors, petiote, on veut faire la Révolution? »

   Alors que toute la ville fêtait le solstice d’été, ils parlaient de révolution ! Ne souhaitant pas me faire exécuter comme espionne, je répondis:
« - En effet, je souhaite rejoindre les Défenseurs du peuple. »
J‘appris, étant donc devenue révolutionnaire, que le Théâtre était le quartier général des patriotes.

   Je me rappelai de la première fois que j’ai vu le Théâtre romain. J’avais d’abord remarqué sa forme, en demi-cercle, constitué d’une scène entourée de gradins coupé par un mur majestueux, au fond de la scène. Il était, paraît il, le plus grand, du moins le plus beau de France. Puis j’avais remarqué qu’il était en ruine, avec des pierres descellées, branlantes, avec des mauvaises herbes et de la mousse.

   Ces barbares m’ont demandé mon nom et celui de mon père : Laure il Monte Rosso, (surnom d’un de mes ancêtres, marchand italien). Quand j’eus répondu, ils eurent l’air étonnés comme s’ils connaissaient ma famille. Mes camarades me donnèrent un surnom : « la gone » - cela voulait dire l’enfant en patois lyonnais -, et m’enfermèrent dans une petite pièce mal éclairée. Je commençais à m’inquiéter : s’ils m’avaient acceptée pourquoi m’enfermaient-ils? Je les entendais qui parlaient d’un rendez vous rue du Bœuf.
   Cette rue devait son nom à une statue de taureau, sur la maison des Taurillone, des compatriotes de mon aïeul. La statue dominait la rue.

   J’entendis des pas : on approchait. Un de mes camarades précédait un grand personnage vêtu d’une longue cape, certainement notre chef. Grâce à une lanterne que portait le premier homme, je distinguai des graffitis latins sur les murs, des noms d’acteurs.

   Mais j’arrivai également à voir… le visage du chef de ces ignobles individus…


   …

C’était mon père ! ! !



Thibault G.

Sous-parties

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Nouvelles

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  • Exposé animalier.
  • La ballade de Bugsy Cigale.
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  • Une promenade révolutionnaire.
  • Nycthémère.
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